Catégorie

Vie professionnelle

Catégorie

Pour bon nombre de jeunes l’inquiétude est forte, autant pour eux que pour leurs parents, face à la question de l’orientation scolaire et professionnelle.

Pourquoi cette question est-elle devenue si anxiogène ?

La pression émanant du système éducatif incite les jeunes à arrêter UN CHOIX clair parmi une multitude de possibilités qui s’offrent à lui et ce de plus en plus tôt. S’ajoute à cela des procédures d’admission complexifiées par une compétition rude pour intégrer certaines écoles ou filières.

Surviennent alors de nombreuses questions pour le jeune et ses parents.

  • Comment savoir « quoi faire de son avenir » alors que l’on a que 16, 17,18 ans… et pas encore vraiment expérimenté la vie ?
  • Comment se repérer parmi ce flot d’informations et de formations disponibles ?
  • Comment choisir une voie professionnelle alors que les médias annoncent en parallèle que 65% des métiers de demain n’existent pas encore ?

La liberté qu’ont aujourd’hui les jeunes de choisir est à la fois une chance que n’avaient souvent pas les générations passées et en même temps, c’est aussi une immense source d’anxiété puisqu’ils deviennent aussi co-auteur et co-acteur de leur avenir.

En effet, cette révolution culturelle et sociétale leur offre la possibilité de reprendre le pouvoir créateur et créatif, mais elle leur demande également d’être pleinement responsables, ce qui, on peut le comprendre, peut aussi les effrayer.

Pour enrichir mon propos, j’ai envie de vous partager le regard que porte le psychiatre Boris Cyrulnik sur cette question.

« Le problème est que l’on fait sprinter nos jeunes, et ces jeunes, en sprintant, se cassent souvent la figure. Après le bac, ils s’orientent trop vite, alors qu’ils ne sont pas encore motivés. Ils s’inscrivent dans n’importe quelle Fac, et la moitié d’entre eux vont échouer. Ils vont alors être humiliés, malheureux, à l’âge où l’on apprend neurologiquement et psychologiquement à travailler. Le risque est, alors, qu’ils se désengagent, surtout les garçons, qui décrochent plus que les filles. Or, ce qui peut aider un jeune à prendre sa voie, c’est son pouvoir de rêve. Il faut ensuite se réveiller, bien sûr. Le rêve mène au réveil. Mais si un jeune arrive à rêver et à se mettre au travail, il pourra prendre une direction de vie. » Boris Cyrulnik

Prendre le temps de se laisser aller à RÊVER en utilisant la visualisation comme outil d’exploration de ses aspirations profondes semble être un chemin constructif vers l’élaboration d’un projet. C’est un moyen d’autant plus accessible aux jeunes qu’ils traversent une période de vie remplie d’idéalisme. 

C’est aussi l’un des outils que j’utilise dans l’accompagnement d’adultes en transition professionnelle afin de les aider à ouvrir le champ des possibles pour ensuite choisir une voie qui sera davantage en accord avec eux-mêmes.

La bonne nouvelle, c’est qu’à tout âge il est possible de CHANGER !

Et en tant que parent, quel est votre JUSTE PLACE ?

Les jeunes attachent beaucoup d’importance à l’attitude et au soutien de leurs parents dans cette phase de réflexion puis de prise de décision sur leur orientation.

1 – Le dialogue et les échanges

La véritable clé est l’écoute, le dialogue et la communication. Ecouter, cela sous-entend ouvrir son esprit pour entendre ce que votre jeune a vraiment envie au fond de lui et hors de sa structure familiale. Ecouter ses envies mais également entendre ses peurs, ses doutes et lui offrir un espace sécurisant pour lui permettre de les exprimer librement, sans crainte d’être jugé.

2 – L’encouragement

Motiver votre jeune, c’est lui insuffler du courage et de la détermination pour l’inciter ainsi à passer à l’action. C’est l’aider à développer un sentiment d’efficacité personnelle, nourrir la confiance en sa capacité à réussir.

3 – L’accompagnement opérationnel

Le jeune a besoin de se sentir guidé, accompagné de manière concrète. Même si vous ne savez pas trop comment vous y prendre, un accompagnement le plus neutre possible permettra à votre jeune de se sentir libre dans ses choix.

Pour se faire, vous pouvez l’aider à prendre conscience de qui il est. Par exemple, vous pouvez lui proposer d’énoncer ses centres d’intérêt, ses goûts, ses aptitudes, ses valeurs et motivations, en lui rappelant des projets ou des expériences scolaires ou extra scolaires qu’il a aimé et où il a pu créer, se réaliser positivement.

Vous pouvez aussi lui demander de faire des démarches concrètes de son côté (recherches documentaires, fiches métiers, enquêtes professionnelles, salons…) afin de le responsabiliser puis coordonner vos informations afin d’élaborer ensemble un plan d’actions qui convienne à chacun. Cela permet au jeune de se sentir soutenu et rassure le parent sur l’avancée du projet et les étapes qui constituent sa réalisation.

4 – La neutralité bienveillante

Votre rôle est avant tout de lui permettre de développer une bonne estime et une vision positive de lui-même. Vous est forcément une source d’inspiration et d’influence pour lui, il est donc important que vous portiez un regard le plus neutre possible par rapport à son projet d’avenir, en échangeant avec lui sur ses  inquiétudes éventuelles de manière douce et bienveillante, surtout si le projet qu’il dessine ne vous parait pas cohérent avec ce que vous percevez de lui.

5 – Le risque de projections

Soyez également en mesure de faire la différence entre votre projet (désir personnel) pour votre enfant et le projet qu’il souhaite pour lui-même. Faites attention à bien faire la part des choses entre vos propres ambitions et celles de votre enfant. Il ne s’agit pas de prendre votre revanche et de projeter sur lui vos désirs non assouvis, non réalisés !

6 – La juste place

A cet âge, le besoin du jeune est paradoxal, puisqu’il se situe entre la dépendance et l’indépendance, sur un chemin qui le conduira à l’autonomie. Il peut donc s’avérer judicieux d’être présent sans être envahissant, dans ce choix d’orientation et dans tous les domaines de sa vie également.

Il s’agit bien de l’accompagner et non pas de décider pour lui, ni de prendre des décisions à sa place !

7 – Demande d’aide à un tiers

La médiation par un tiers peut être une autre solution. Se faire aider par un membre de son entourage ou  pour plus de neutralité par un professionnel de l’orientation permet souvent d’éviter bien des souffrances et tiraillements familiaux. Le regard neutre et objectif  d’un tiers s’avère souvent bénéfique au bien-être du jeune et de ses parents.

Pour le jeune, ce choix représente souvent le premier vrai choix de sa vie d’adulte . Il est donc important qu’il le fasse en conscience afin de réaliser qu’il est le maître d’oeuvre de sa vie. Devenu responsable de ses choix, il pourra alors créer et choisir la direction qu’il souhaite prendre. A chaque instant, il aura la possibilité de modifier le cours de sa trajectoire…

Je vous souhaite beaucoup de patience et de persévérance pour accompagner le plus sereinement possible vos jeunes dans cette première grande transition de vie.

En tant que mère d’une jeune femme de 18 ans, je suis moi-même chahutée, au cœur de ce processus, m’interrogeant à chaque instant sur ma JUSTE PLACE.

 

× Comment puis-je vous aider ?