Avez-vous déjà remarqué à quel point l’Autre, j’entends par là, les personnes que nous croisons ou qui font partie de notre entourage sont déclencheurs d’émotions de toute sorte chez nous ?

Nous ne comprenons souvent pas pourquoi les comportements ou simplement l’énergie que l’autre dégage nous impactent et parfois même déclenchent des sentiments fort désagréables en nous.

  • Soit la présence de l’autre nous fait du bien, nous nous sentons en confiance, il nous inspire et nous lui prêtons de belles intentions et qualités d’être…
  • Soit au contraire, sa présence nous dérange, nous met mal à l’aise, nous avons l’impression que cette personne appuie toujours sur le mauvais bouton et qu’elle déclenche en nous de l’agacement dès que nous sommes en sa compagnie. Nous nous retrouvons alors à la juger, la critiquer voire la rejeter…

Ce qui est curieux, c’est que nous ne sommes pas tous agacés par les mêmes personnes, fort heureusement :-).
La voisine du dessus qui m’énerve ne fait aucun effet particulier à mon ami, alors qu’il redoute de parler au mari de ma collègue avec lequel je discute aisément.

Comment expliquer cela ? Et si l’Autre n’était finalement qu’un reflet d’une partie de nous-même?

Selon l’approche du psychanalyste Jacques Lacan, « la construction de notre identité personnelle se produit à travers la captation de soi dans d’autres personnes ». Ainsi, les relations que nous développons avec les autres sont des projections d’aspects de notre personnalité, que nous apprécions ou non. Cette « théorie du miroir » est vraiment intéressante dans le sens où elle nous permet de mieux nous connaitre, en nous libérant de nos conditionnements passés, grâce aux relations avec les autres.  Si je regarde  l’autre comme le miroir de moi-même,  je peux ainsi devenir conscient de qui je suis réellement en apprenant à aimer toutes les parties de moi.

Il nous est souvent bien plus facile d’accepter cette conception lorsque nous aimons ce que nous voyons chez l’autre, ses traits de caractère mais aussi son aspect extérieur. Plus difficile par contre  d’admettre et de reconnaître que l’autre puisse être notre miroir lorsqu’il se comporte d’une manière qui nous offusque.

Plus difficile par contre  d’admettre et de reconnaître que l’autre puisse être notre miroir lorsqu’il se comporte d’une manière qui nous offusque.

Comment l’autre peut-il être mon miroir alors que justement je trouve son attitude déplacée ou inadaptée et qu’il me serait donc impossible d’avoir une telle attitude en pareille circonstance ?

Et bien tout simplement parce que je ne suis justement pas consciente de toutes les parties qui me composent.

Explication : Quand vous vous regardez dans un miroir et que l’image de vous qui est renvoyée ne vous plait pas – il ne vous viendrait pas à l’esprit de penser que c’est le miroir qui crée de toute pièce les aspects disgracieux que vous observez et de le jeter ?

Pourtant, c’est la plupart du temps la réaction que nous adoptons (jugement, rejet…) lorsqu’une personne que nous rencontrons nous agace. Si cet aspect nous dérange chez elle, c’est bien souvent parce que nous le possédons également naturellement mais que nous le contrôlons pour ne pas le montrer, ayant appris dans notre enfance, qu’il n’était pas bien d’être ainsi. Hors, en  rejetant  ce que nous voyons en elle, nous rejetons aussi un aspect de nous qui a juste besoin d’être vu, accueilli et accepté.

Si nous choisissons de ne pas le reconnaître (à travers le miroir que l’autre nous renvoie), nous continuons alors de le rejeter et serons amenés à le revivre via d’autres expériences, à travers d’autres personnes qui nous dérangeront de la même manière, jusqu’à ce que nous en soyons pleinement conscients.

Une belle opportunité de nous connaître

En effet, en nous reflétant, l’autre nous donne une véritable opportunité de mieux nous connaitre mais surtout de nous aimer inconditionnellement, avec nos parts d’ombre et de lumière. C’est un chemin d’acceptation de soi et de libération. Nous sommes alors capables de regarder en face la souffrance que nous entretenons et arrêtons ainsi de nous nier.

 En nous reflétant, l’autre nous donne une véritable opportunité de mieux nous connaitre mais surtout de nous aimer inconditionnellement

Plutôt que de juger l’autre ou de penser à nous en protéger, nous pouvons choisir à chaque instant de nous interroger sur le « Pourquoi je ressens telle émotion vis-à-vis de cette personne et quelle est la partie d’elle que je trouve insupportable et qui se trouve aussi en moi ?”

Tout ce que nous voyons à l’extérieur est un miroir de ce qui existe à l’intérieur.

Il s’agit là d’une vision qui propose un changement de point de vue. Ce n’est pas le comportement de l’autre qui est notre reflet mais l’aspect en lui qui nous plait / déplait.

En pratique ?

Si le comportement de l’autre nous dérange, il est important de nous demander « Qu’est-ce que je lui reproche exactement ? – pas dans son comportement mais au niveau de son ETRE ? De quoi est ce que je l’accuse exactement ? D’être quoi ? »

Si la réponse qui nous vient instantanément est par exemple «  Je l’accuse d’être un menteur » alors c’est que nous n’avons pas encore vu et accepté l’aspect de nous, la part de nous qui se nomme Mensonge. Et si je commence à m’interroger, peut-être pourrais-je reconnaître que parfois moi aussi je mens à d’autres, dans certaines situations ou que je suis peut-être encline à me mentir à moi-même, en ne voulant parfois pas admettre certains faits ou certaines situations.

Une fois cet aspect reconnu, essayez alors d’identifier quelle est la peur inconsciente qui vous empêche d’assumer cet aspect en vous (peur du rejet, peur de décevoir, peur d’être abandonné, peur de ne pas être aimé…) puis retrouvez un souvenir, une circonstance où vous avez eu ce même aspect (envers vous ou quelqu’un d’autre) et vérifiez alors quelle était votre intention, votre motivation.

En réalisant ce qui vous a motivé à agir dans cette situation, vous deviendrez beaucoup plus compatissant envers l’autre, pourrez faire preuve d’empathie, comprenant qu’il adopté ce comportement pour nourrir son propre besoin, répondre à sa motivation et non contre vous, ne cherchant probablement ni à vous nuire ni à vous blesser intentionnellement.

Améliorer nos relations avec les autres

Ainsi, en devenant conscients de l’ensemble de nos aspects, nous pourrons davantage nous aimer et améliorer nos relations avec les autres puisqu’ils ne nous dérangeront plus. Au fur et à mesure que nous accueillerons nos différentes parts, nous serons de moins en moins impactés émotionnellement par les autres et leurs comportements.

Le meilleur moyen de devenir ce que vous désirez être est d’abord d’accepter d’être pleinement ce que vous ne voulez pas être !

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